Wednesday, May 09, 2007

C'est l'identite de la France, c'est l'histoire de la France

La déclaration de Nicolas Sarkozy

lefigaro.fr
Dimanche 6 mai, 20h30, salle Gaveau (Paris).

Nicolas Sarkozy s'adresse à ses partisans pour la première fois depuis son élection. Il confesse son "immense émotion".

"Mes chers compatriotes. En m'adressant à vous ce soir et en ce moment qui est, chacun le comprend, exceptionnel dans la vie d'un homme, je ressens une immense, une sincère et profonde émotion. J'éprouve depuis mon plus jeune âge la fierté indicible d'appartenir à une grande, à une vieille, à une belle nation, la France. J'aime la France comme on aime un être cher qui m'a tout donné, maintenant c'est à mon tour de rendre à la France ce que la France m'a donné.

Ce soir, ma pensée va aux millions de Français qui aujourd'hui m'ont témoigné leur confiance. Je veux leur dire qu'ils m'ont fait le plus grand honneur qui soit, à mes yeux, en me jugeant digne de présider aux destinées de la France. Ma pensée va à tout ceux qui m'ont accompagné dans cette campagne. Je veux leur dire ma gratitude, je veux leur dire mon affection. Je veux le dire d'abord à ma famille, je veux le dire à mes amis, je veux le dire mes partisans, je veux le dire à tout ceux qui m'ont soutenu.

Et ma pensée va à Mme Royal. Je veux lui dire que j'ai du respect pour elle et pour ses idées dans lesquelles tant de Français se sont reconnus. Respecter Mme Royal, c'est respecter les millions de Français qui ont voté pour elle.

Le président de la République doit aimer tous les Français. Ma pensée va donc à tous les Français qui n'ont pas voté pour moi. Je veux leur dire que par delà le combat politique, par delà les divergences d'opinion, il n'y a pour moi qu'une seule France. Je veux leur dire que je serai le président de tous les Français, que je parlerai pour chacun d'entre eux. Je veux leur dire que ce soir, ce n'est pas la victoire d'une France contre une autre. Il n'y a pour moi ce soir qu'une seule victoire: celle de la démocratie, celle des valeurs qui nous unissent, celle de l'idéal qui nous rassemble.

Ma priorité sera de tout mettre en oeuvre pour que les Français aient toujours envie de se parler, de se comprendre, de travailler ensemble. Le peuple français s'est exprimé. Il a choisi de rompre. De rompre avec les idées les habitudes et les comportements du passé. Je vais donc réhabiliter le travail, l'autorité, la morale, le respect. Je vais remettre à l'honneur la nation et l'identité nationale, je vais rendre aux Français la fierté de la France, je vais en finir avec la repentance qui est une forme de haine de soi et la concurrence des mémoires qui nourrit la haine des autres.

Le peuple français a choisi le changement. Ce changement je le mettrai en oeuvre parce que c'est le mandat que j'ai reçu du peuple et parce que la France en a besoin. Mais je le ferai avec tous les Français. Je le ferai dans un esprit d'union et dans un esprit de fraternité, je le ferai sans que personne n'ait le sentiment d'être exclu, d'être laissé pour compte. Je le ferai avec la volonté que chacun puisse trouver sa place dans notre République, que chacun s'y sente reconnu, s'y sente respecté dans sa dignité de citoyen et dans sa dignité d'homme. Tous ceux que la vie a blessés, ceux que la vie a usés doivent savoir qu'ils ne seront pas abandonnés qu'ils seront aidés, qu'ils seront secourus. Ceux qui ont le sentiment que quoi qu'ils fassent, ils ne pourront pas s'en sortir, doivent être sûrs qu'ils ne seront pas laissés de côté et qu'ils auront les mêmes chances que les autres.

J'appelle tous les Français par delà leur parti, leurs croyances, leurs origines à s'unir à moi pour que la France se remettre en mouvement. J'appelle chacun à ne pas se laisser enfermer dans l'intolérance et dans le sectarisme, mais à s'ouvrir aux autres, à ceux qui ont des idées différentes, à ceux qui ont d'autres convictions.

Je veux lancer un appel à nos partenaires européens auxquels notre destin est profondément lié pour leur dire que toute ma vie j'ai été européen, que je crois profondément, que je crois sincèrement en la construction européenne et que ce soir, la France est de retour en Europe. Je conjure nos partenaires européens d'entendre la voix des peuples qui veulent être protégés. Je conjure nos partenaires européens de ne pas restés sourds à la colère des peuples qui perçoivent l'Union européenne, non comme une protection, mais comme le cheval de Troie de toutes les menaces que portent en elles les transformations du monde.

Je veux lancer un appel à nos amis américains pour leur dire qu'ils peuvent compter sur notre amitié renforcée dans les tragédies de l'histoire que nous avons affrontées ensemble. Je veux leur dire que la France sera toujours à leurs côtés quand ils auront besoin d'elle mais je veux leur dire aussi que l'amitié, c'est accepter que ses amis puissent penser différemment. Et qu'une grande nation, comme les Etats Unis a le devoir de ne pas faire obstacle à la lutte contre le réchauffement climatique, mais au contraire de prendre la tête de ce combat, parce que ce qui est en jeu, c'est le sort de l'humanité toute entière. La France fera de ce combat son premier combat.

Je veux lancer un appel à tous les peuples de la Méditerranée pour leur dire que c'est en Méditerranée que tout va se jouer, qu'il nous faut surmonter toutes les haines pour laisser la place à un grand rêve de paix et à un grand rêve de civilisation. Je veux leur dire que le temps est venu de bâtir ensemble une Union méditerranéenne qui sera un trait d'union entre l'Europe et l'Afrique. Ce qui a été fait pour l'union de l'Europe, il y a 60 ans, nous allons le faire aujourd'hui pour l'union de la Méditerranée.

Je veux lancer un appel à tous les Africains, un appel fraternel pour dire à l'Afrique que nous voulons l'aider à vaincre la maladie, à vaincre la famine, à vaincre la pauvreté, à vivre en paix. Je veux leur dire que nous allons décider ensemble d'une politique d'immigration maîtrisée et d'une politique de développement ambitieuse.

Je veux lancer un appel à tous ceux qui dans le monde croient aux valeurs de la tolérance, de la liberté, de la démocratie, de l'humanisme, à tous ceux qui sont persécutés par les tyrannies et les dictatures. Je veux dire à tous les enfants à travers le monde, à toutes les femmes martyrisées dans le monde, je veux leur dire que la fierté, le devoir de la France sera d'être à leurs côtés.

La France sera aux côtés des infirmières libyennes (bulgares, ndlr) enfermées depuis huit ans, la France n'abandonnera pas Ingrid Betancourt, la France n'abandonnera pas les femmes qu'on condamne à la burqa, la France n'abandonnera pas les femmes qui n'ont pas la liberté. La France sera du côté des opprimés du monde. C'est le message de la France, c'est l'identité de la France, c'est l'histoire de la France.

Mes chers compatriotes, nous allons écrire ensemble une nouvelle page de notre histoire. Cette page de notre histoire, mes chers compatriotes, je suis sûr qu'elle sera grande, qu'elle sera belle. Et du fond du coeur, je veux vous le dire, avec la sincérité la plus totale qui est la mienne au moment où je vous parle: Vive la République et vive la France".

(Update, Volokh Conspiracy has some translation, plus a YouTube link to the crowd singing La Marsellaise. VC notes that the second to last paragraph, in italics, was added in the delivered version. Actually, I like this YouTube version better.)

(I also just want to note for the record that I was honored a few weeks ago to be contacted by a researcher in France looking for a rare English translation of the wartime poetry of the great French poet, Rene Char. The English translation, Leaves of Hypnos, translated by the poet Cid Corman, appeared in 1973, but has long been out of print. I was pleased to be able to supply the translations from my copy of the book for an English language version of a DVD from the ministry of culture on Char's poetry. And to think she contacted me because she had noticed a post about Rene Char on this blog!)

(While I am at it, I recommend this article in Commentary by Michael Gurfinkiel, "Can France Be Saved?", here. And I recommend anything written by that fine, extraordinarily smart French political commentator, Dominique Moisi, even when - or better said, especially when - I disagree with him. Writing in the Guardian, here, on the Sarkozy election.)

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